La Vallée by Paul Christopher

Auteur:Paul Christopher [Christopher, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller, Ésotérisme, Templiers, Religions, Christ, Chevaliers, Complots, Non lus
ISBN: 9782749148564
Éditeur: Le Cherche Midi
Publié: 2016-04-06T22:00:00+00:00

16

Aux commandes du vieil Antonov 24, le capitaine Julio Ortega Montez survolait la mer en direction du Mexique. Les instruments fonctionnaient parfaitement, indiquant une altitude de sept mille mètres, et le rugissement des deux turbopropulseurs n’était pas plus étourdissant qu’à l’accoutumée.

Le siège du copilote était vide, ce qui n’avait rien d’inhabituel pour un trajet de courte durée comme celui-ci, la Confrérie préférant mettre le moins de gens possible dans le secret de ses activités et de ses déplacements. Mais, bien sûr, il n’était pas seul à bord. Comme d’habitude, l’homme aux valises était sanglé sur le siège-baquet de la soute, suivant à la lettre l’ordre qu’il avait reçu de ne pas quitter des yeux son précieux chargement. Outre ce passager, l’avion transportait deux tonnes de langoustes vivantes, cinq d’ananas et quatre d’avocats dont les citoyens cubains ne verraient jamais la couleur et connaîtraient encore moins le goût.

Fort de ce qu’il savait, Montez sortit de sa poche de poitrine un paquet de Rothmans prélevé sur la cartouche qu’un copain pilote lui avait rapportée du Canada. Fumer dans le cockpit était formellement interdit, mais que risquait-il ? De se faire virer ? Les aviateurs expérimentés ne couraient plus les rues, à Cuba.

À cinquante-cinq ans, il avait trente-sept ans de carrière derrière lui. Il avait commencé à voler en solitaire dès dix-huit ans, sur un jet d’entraînement tchèque L-29 Delfín de l’École nationale d’aéronautique, puis il avait gravi les échelons, passant d’un type de Mig à un autre, jusqu’à ce qu’il soit mis sur la touche, son organisme ne pouvant plus supporter les accélérations brutales.

Après à peine six mois derrière un bureau, il avait été autorisé à reprendre du service comme commandant de bord sur les lignes commerciales d’Air Cuba, puis, à cinquante ans, il avait été affecté aux court-courriers desservant Mexico ou, parfois, le Venezuela. L’État ne lui versait pas plus de cinquante dollars par semaine quand il travaillait et quatre-vingts par mois quand il restait chez lui, mais de telles sommes suffisaient largement pour vivre, à La Havane, d’autant qu’il arrondissait ses revenus grâce à de multiples trafics, tant à l’importation qu’à l’exportation.

Par exemple, il revendait en gros à un contrebandier mexicain pour dix dollars pièce des cigares Cohiba qu’un contact à la Habanos SA lui fournissait pour cinq dollars. Il y avait toujours des moyens de tourner la loi révolutionnaire quand on savait s’y prendre.

S’il en croyait ce que lui racontait son père, qui avait travaillé dans le génie civil à l’époque de Batista, le naturel était revenu au galop. Du temps de Batista, Cuba avait vécu sous l’oppression d’un dictateur brutal et corrompu qui s’acoquinait avec les gangsters tout en faisant réprimer ses opposants par sa police et son armée. Maintenant, après une période de solidarité idyllique dans les premières années de règne du Comandante, Cuba était de nouveau dirigée par un autre dictateur qui, à son tour, faisait réprimer par la police et la troupe ceux qu’il soupçonnait seulement de s’opposer à lui, tout en plaçant autour de

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